Eli' venait de quitter la Tour Interdite, son QG si vous préférez, afin de rentrer chez elle. Enfin chez "eux". C'est qu'elle allait oublier son cousin... Déjà qu'elle avait totalement oublié sa casquette dans la demeure voila qu'elle risquait de devoir ajouter à son palmarès de rencontre du jour :Albert. Certes elle devrait être habituée mais voila il trouvait toujours le moyen de la mettre hors d'elle au point qu'il lui arrivait d'avoir des envies de meurtres. Bien gardées tout de même. Son regard bleuté se perdit sur la route pendant un bref instant, elle hésitait comme toujours. Après tout il semblait connaître tant de choses sur elle par rapport a avant que cela lui faisait toujours un choc, était-elle la seule des Personnifications de Péchés Capitaux à avoir perdu la mémoire ? Elle ne savait pas non plus si il y en avait d'autres en ville mis à part ceux dont elle avait déjà entendu parler. Possible. Elle se décida finalement, marcha jusqu'au perron où elle s'arrêta à nouveau la tête collée contre la porte.

- Bon sang pourquoi faut-il que je ressente aussi bien le manque des gens ?

La question se perdit dans le vent, elle connaissait la réponse bien sûr mais la posait pourtant fréquemment. Cette souffrance qui l'assaillait à chaque fois la mettait tellement mal à l'aise que ça la terrifiait, quoi que moins que la couleur rouge tout de même. La gloutonne décolla son front, tenta de ne plus rien entendre afin de pouvoir se concentrer un peu mais cela ne lui servait à rien. Comme toujours. Un petit râle quitta ses lèvres et sur le coup elle préféra s'assoir par terre afin de récupérer un peu. Que pouvait-elle faire d'autre de toute manière ?

Un pas. Puis deux, puis trois. Bientôt une dizaine, ainsi qu'une vingtaine. On arrivait aux centaines; Albert faisait son retour dans la demeure. Malheureusement. La cousine devra le supporter une fois de plus. L'homme en avait assez des personnifications qu'il avait croiser à l'animalerie. Pas moyen de s'amuser tranquillement. Cependant, il n'avait pas oublié qu'il avait une cousine. Sa colocataire, sa pauvre colocataire qui devra souffrir à ses côtés. Mais n'exagérons rien, l'Avarice n'était pas encore arriver.

Albert finissait par appercevoir les divers quartiers et patées de maisons. Il était sur la route, et ne s'était pas perdu. Dommage. De toute manière, ses affaires et son argent s'y trouvait, pourquoi perdrait-il le chemin. Aucun interêt. Il était à présent sur le seuil de la maison, et sortait ses clefs. Ding, ting, les objets métalliques faisaient du bruit. Peut-être obtiendrait-il une réaction provenant de la demoiselle, si elle était rentrée ?

Derrière sa porte, la demoiselle ne réagit pas. Trop concentrée sur sa respiration, à faire le calme dans sa tête elle ne prêta pas attention à ce qu'il se passait derrière elle seulement séparée par une planche en bois où des clefs pouvaient être introduite dans une serrure. Un énième râle quitta ses lèvres, un murmure suivit également.

- J'ai mal...

Elle tenta de se relever, se tint la tête tant la douleur lui vrillait toute cette zone et fini par se maintenir contre le mur. A ce rythme elle n'avancerait pas...

- Pour une fois j'aimerai que cet idiot soit là...

La sincérité sort de la bouche des enfants... Ah oui ce n'est plus une enfant depuis longtemps c'est vrai. Alors la vérité sort de la bouche des souffrants, oui c'est bien mieux par rapport à Eli'. Sa vision se troubla un bref instant, elle cru que ses jambes allait lâchement l'abandonner lorsqu'elle avança d'un pas. Si cet abruti pouvait arriver vite, elle serait heureuse sur le moment...

Le voeux de la demoiselle était exaucer. Albert avait introduit les clefs dans la serrure et ouvrait la porte. Il était là. Son regard se posa sur la demoiselle, fatiguée comme jamais, avant de tourner sa tête vers la porte. Il fallait quand même la refermer. Il entra avant de sceller la planche de bois par mesure de sécurité, et s'accroupissait à la taille de la demoiselle, assise par terre.

- Trop feignante pour aller s'assoir sur le canapé ? C'est pour ça que tu es à terre ?

Tout sourire, il était fier de sa provocation. C'était l'Avarice, il n'avait toujours pas reprit son innocence d'il y a longtemps; lorsqu'il était gamin. Cependant, Albert soupirait et se relevait. Il tendait sa main.

- Je t'aide à te relever ? Qui y a t-il ? Tu t'es blessée ?

Il venait d'arriver, le bruit l'avait certes avertie mais elle n'avait pas eu la force de parler ou de bouger. Sa tête continuait de lui faire mal, ses prunelles se mirent petit à petit à exprimer la douleur qu'elle pouvait ressentir. Elle qui ne voulait pas montrer quand quelque chose n'allait pas se retrouvait sous le feu des projecteurs. Bon elle avait espérer l'arrivée de son nigaud de cousin, mais aurait préféré éviter ses sarcasmes.

- Franchement, j'irai si je pouvais...

Elle du faire une pause, ferma finalement les yeux avant de souffler un bon coup et quand elle fini par apercevoir la main d'Albert elle eu une pensée reconnaissante. Sans réfléchir elle l'a prit, espérant tout de même que ce n'était pas une mauvaise blague de son cher cousin.

- Je veux bien... Non... Je ne suis pas blessée...

Une nouvelle vague l'assaillit, la fit frémir. Franchement il y avait bien beaucoup de monde en manque d'un coup pour que ce soit si violent.

- Ce... Ce n'est rien de grave...

Bon de grave on ne dit pas bien qu'elle devenait assez pale au fur et à mesure que le temps passait, que son mal de tête empirait et que ses jambes semblaient être du coton.

- S'il... te... plait...

Chaleur, douleur, rage et cri restèrent en elle. Ses paupières se baissèrent une énième fois, ses prunelles continuèrent de montrer la souffrance interne que subissait la demoiselle.

Albert se mit à rire en entendant de la part de la demoiselle qu'elle n'avait rien de grave. Il l'aidait bien entendu à se relevée, et la prit en bonus dans ses bras en la portant comme une divine princesse. Elle avait tout de même de la chance qu'il n'ait pas perdu un peu de sa gentilesse, certes bien cachée.

- Rien de grave ? Tu me fais rire. Tu peux à peine bouger et tu dis que tu n'as rien de grave ? Ne me mens pas.

Suite à cette phrase, il engageait un regard assassin afin de lui faire comprendre qu'il n'y avait jamais quelque chose "de non grave". De toute manière, il avait décidé d'être gentil cette fois. Albert se dirigeait vers la chambre à coucher et y déposa sa cousine. Il l'allongeait, et mit sa main sur son front. Il avait garder son regard assassin.

- Tu es brûlante. Je t'interdis d'aller travailler tant que tu ne seras pas guérie.

Il réfléchissait quelques secondes, avant de continuer:

- Restes sage. Je vais chercher de quoi te rafraîchir. Tu as interêt à me raconter ce que tu as, entendu?

Sous ses mots, le cousin s'exécuta, et disparût dans le long couloir menant à la cuisine pour y prendre quelques glaçons.

Sincèrement son cousin la laissait perplexe au niveau de ses réactions, son aide et le fait qu'il la porte lui firent un drôle d'effet. Elle n'en avait pas l'habitude, son corps continuait dans le mal-être. Sa phrase résonna aux oreilles d'Elizabeth, un mince sourire s'étira sur son visage malgré la souffrance.

- Je...

La fin de sa phrase se perdit, instinctivement elle se raccrocha à la seule bouée de sauvetage qu'elle avait pour le moment. Oui, c'était Albert. Malgré le regard assassin qui était apparu dans les yeux de son cousin elle continua de s'accrocher tel un petit koala jusqu'au moment où il la déposa dans la chambre, posa la main sur son front et lui dit qu'il lui interdisait d'allez travailler. De quel droit faisait-il ça ?

- Non... Il... Il faut... Que... Je travaille...

Trop tard il venait de lui faire savoir qu'elle devait rester sage et qu'elle devait lui raconter après ce qu'il se passait. Zut, comme si elle avait cette envie maintenant.

- Ah...

Elizabeth du à nouveau fermer les yeux, sa colère contre elle-même et sa faiblesse augmenta légèrement.

Albert revenait cette fois muni d'une serviette glacée, et la posait sur le front d'Elizabeth. On aurait dit un père soignant sa fille, sauf que c'était tout le contraire. D'habitude, ces deux-là s'entendent comme chien et chat. Pourquoi Albert réagissait comme ça ? Il n'en savait pas non plus, et préférait l'embêter qu'être aux petits soins.

- Comment ça, "non" ? Je t'interdis de travailler. C'est tout.

Un sourire en coin apparaîssait sur le visage de l'Avarice, oubliant à présent son regard de meurtier. Il tapotait le bras à sa cousine, mal en point, et soupirait fortement.

- Maintenant, raconte-moi ce qu'il s'est passé.

Il n'était pas prêt de lâcher le morceau. Encore moins si elle était si souffrante. Elizabeth n'en pouvait plus, et Albert le savait. Il le voyait dans son visage.

- Oublie. Reposes-toi, tu me raconteras demain matin. Si jamais tu as besoin de quelque chose, appelle-moi.

Ainsi, l'Avarice éteigna la lumière et partit rejoindre le salon. Bien entendu, il avait laisser la porte ouverte de manière à qu'il puisse entendre le cri d'Elizabeth si elle l'appelait.

De nouveaux râles quittèrent ses lèvres, la voix de son cousin réussissait pourtant à la calmer ne serait-ce qu'un peu. Eux qui se cherchaient querelle à chaque fois. Elle entendit les pas d'Albert, il s'en allait, la laissait pour qu'elle puisse se reposer, Eli' aurait aimé lui dire de rester mais les mots lui restèrent en travers de la gorge. Pendant un long moment elle resta seule, dans le noir, dans sa douleur tenace et sans fin. Finalement le mot qui restait bloqué dans sa gorge sortit, elle sentait qu'il risquait de s'inquiéter mais sur le moment son esprit embrumé ne la faisait pas réfléchir. Pas comme il fallait en tout cas.

- Albert...

Assez fort pour que cela puisse être entendu, assez fort comme si beaucoup de choses dépendait de ce "mot", ce prénom qui pouvait pourtant l'horripiler la majorité du temps. Elle trembla, marmonna quelque chose d’à peine audible avant de rouler sur le côté.

- Pourquoi maintenant ? Pourquoi... Chuchota-t-elle douloureusement.

Le jeune homme était dans le salon, il était étalé sur le canapé et fixait le plafond. Il s'ennuiyait. Il n'avait personne à enquiquiner, même pas sa cousine. Elle était malade, il n'allait tout de même pas l'assommer avec ses bêtises. Il soupirait, et fermait les yeux.

- Albert...

Il ne rêvait pas, elle l'avait appelé de son plein gré. C'était la première fois. Un sourire satisfait s'affichait sur le visage de ce dernier, et il se leva. Se dirigeant vers la chambre, il arriva aussitôt.

- Qui y a t-il?

Il regardait la malade, souffrante, et s'approchait. Ainsi, il s'assit sur le bord du lit de cette dernière, et attendait patiemment sa réponse.

Il était venu comme il le lui avait dit. Une vague de soulagement assaillit la jeune femme qui devait donner une réponse à son cousin. Mais que pouvait-elle lui dire ? La vérité ou dire quelque chose comme ça ? Son cerveau pesait le pour et le contre malgré qu'elle avait l'impression que ce dernier allait exploser. Finalement, une petite phrase aussi simple que le monde sortit de la bouche de la gloutonnerie.

- Reste... S'il... S'il te plait...

Le ton implorant qui était apparu dans sa voix la laissa pantoise à l'intérieur. Il ne manquait plus que ça tient qu'elle implore un abruti féru d'argent qui ennuie son monde. C'était trop tard, elle ne pouvait rattraper les mots prononcés même si elle le désirait. Pas de craintes non, bien qu'elle craignait la réaction du garçon, mais pour la simple et unique raison que sa tête et son coeur lui disaient qu'elle avait bien fait. Bon elle se passerait des deux la prochaine fois si c'était pour parler ainsi, bien qu'elle espérait qu'il n'y ai pas de prochaine fois. Elle perdait pied, perdait presque tout quand elle était ainsi.

- Je... Je me... Sens mieux... Quand... Tu es... Là...

Phrase entrecoupée par sa respiration difficile, pourquoi venait-elle de dire ça ? Pourquoi rien n'allait comme d'habitude ? Etait-ce la douleur qui lui faisait cet effet ? La fièvre peut-être ? Ou alors, tout simplement, les réactions qu'avait son cousin ? Elle ne savait pas, n'arrivait pas à savoir quoi que ce soit même pas les raisons qui le poussait à l'aider ainsi.

L'homme soupirait, une fois de plus. Non car il était ennuyer mais car il trouvait sa cousine désespérante. Désespérante car elle utilisait ses forces pour ne rien dire.

- Tu devrais te reposer au lieu de baffouiller des choses incompréhensibles. Je reste dormir avec toi si tu le souhaites.

Froideur d'Albert. Il se leva et se glissait de l'autre côté du lit, mais ne dormait pas pour autant. Il n'était pas fatigué, et veillait simplement sur sa cousine.

- Je reste là, dors si tu veux, mais ne gaspilles pas ton énergie pour ne rien dire.

Ce qu'il disait était vrai, mais il pourrait le dire plus gentillement. Pourtant, sa froideur envers Elizabeth n'était pas voulue du tout, il souhaiterait juste pouvoir l'enquiquiner au lieu d'être aux petits soins...

Un petit soupir quitta les lèvres d'Elizabeth, il était froid et cela ne lui plaisait pas vraiment. Elle eu du mal à comprendre l'une des phrases qu'il avait dite avant qu'il ne se couche de l'autre côté du lit. Malgré elle elle sourit, elle se sentait comme une enfant. Sans savoir pourquoi elle roula avant de se coller contre son cousin. Elle n'allait vraiment pas bien si ça arrivait à ce stade.

- Mer...ci...

Dernier mot quittant la barrière, elle espéra que ce qui touchait à sa douleur ne se manifesterait pendant qu'elle dormait. Elle ne voulait pas l'inquiéter plus, si c'était possible. Elle se mit en boule, tenant Albert à nouveau comme s'il était une bouée. Comme si elle se noyait dans un abime quelconque. De nouvelles vagues de douleurs l'assaillirent, certaines plus importantes que d'autres lui arrachant des râles à de nombreuses reprises. Quand ses rêves commencèrent de nouvelles douleurs arrivèrent, son coeur la fit également souffrir en plus du reste. Revoir toute ses scènes ne l'aidait absolument pas et pourtant c'était le risque en s'endormant. Une nouvelle phrase quitta sa bouche alors qu'elle dormait pourtant.

- Arrêtez... Feu...

Cette scène, encore et toujours la même, toujours ces voix implorantes et elle perdue parmi ces gens, ceux qu'elle avait connus, une autre personne là haut non loin des flammes mangeant tout sur leur passage. Une petite quinte de toux quitta le corps endormi assaillit d'images venant de toute part tant de ses rêves que de la vie de personnes mourant...

Voilà que l'Avarice s'était transformé en doudou géant pour péché capital. Cela ne lui déplaisait pas, mais cela lui faisait bizarre. Sa cousine lui faisait un câlin, se collait contre lui et le tenait tel un ours en peluche. C'était une drôle de sensation, mais non inconnue. Peut-être s'étaient-ils échangés des câlins auparavant, peut-être était-ce la nostalgie...

Pourtant, dans le doux sommeil de la demoiselle, elle prononçait le mot "feu". Ca, Albert l'avait remarqué et en conclut directement qu'elle faisait un cauchemard. Il lui donna une petite claque sur le front, essayant de calmer le mauvais rêve.

- Elizabeth.

Une fois, disait-il son prénom. Puis une deuxième.

- Elizabeth ?

Inquiet. Il était inquiet, et lui frottait le dos pour la rassurer. La rassurée dans son cauchemard, mais aussi pour l'apaiser. Après tout, entre péchés capitaux, on s'aide...

Ce cauchemar, ces souvenirs si bien enfui en elle, ces douleurs, les détails. Tout ce qu'elle voyait, avait vu longtemps auparavant lui semblait si net dans sa mémoire, dans ses songes que celui lui devenait encore plus dur à supporter. Supporter perdre quelqu'un qui nous est cher également car elle le savait déjà à ce moment là que peut importe ce qu'elle ferait il était perdu. Perdu à jamais, perdu parmi ceux qui était mort cette nuit là alors qu'elle devait continuer à vivre.

Elle sentait que dans le monde normal quelqu'un s'inquiétait, tentait de l'aider et pourtant rien ne faisait en sorte qu'elle se calme totalement. Comme prise au piège dans un mauvais rêve, un mauvais rêve qui c'était réellement produit.

- Aidez... Le...

Nouvelle phrase, nouveau passage dans le rêve. Elle court, court le plus vite qu'elle peut même si tout est déjà perdu. Elle veut l'aider, perd tout ses repères alors qu'elle a vécu là, vécu parmi tout ses Humains.

- Mi...

Début de mot perdu parmi les limbes, perdu à cause d'un énième râle provenant de ceux souffrants dans la réalité. Un contact la fit frémir, on continuait de tenter de la calmer malgré tout. Elle le sentait, le savait. "Il" devait s'inquiéter même s'ils étaient naturellement comme chien et chat. La jeune femme trembla un bref instant, n'arrivait pas à s'extraire de tout cela. Ces rêves sombres, ces douleurs quotidiennes.

Albert soupirait à la vue paniquée d'Elizabeth. Elle semblait mal. Mal à l'extérieur, souffrante à l'intérieur. Mais que se passait-il ? Albert n'en savait rien. Il n'avait pas le don de chasser les mauvais rêves, encore moins de l'aider dans son esprit. Ce n'était pas un mage, ni un sorcier; c'était juste une personnification, un simple péché capital.

Pourtant, il s'inquiétait pour elle. Elle qui était angoissée par ce cauchemard, cette bêtise qu'elle avait vécu.

C'en était trop. Il réveilla Elizabeth, mais doucement. La violence n'était pas conseillée.

- Elizabeth, lèves-toi.

Il fit une brève pause, avant de voir sa cousine toujours dans son cauchemard. Il haussait la voix.

- ELIZABETH !

De nouvelles flammes, de nouveaux cris et cette voix qui tranchait avec le reste, la poignardait de l'intérieur en lui disant de le laisser jusqu'au moment où elle sentit, presque imperceptiblement, qu'on l'appelait avant que la voix de son cousin ne résonne à travers tout, réussisse à la faire sortir de tout ça, de cette souffrance interne qui la rongeait chaque nuit. Elle avait perdu deux personnes sur de longues années, mais deux personnes qui lui faisait toujours aussi mal au niveau du coeur.

Ses prunelles s'ouvrirent, doucement malgré la surprise, elle toussa un peu comme si on venait de la sortir de l'eau, d'une fumée trop envahissante... Oui c'était plus le dernier cas qui pré-pondérait.

- Al... Qu'est... Ce...

Du mal à parler, toujours ces gens dans sa tête et elle avait beau essayer de fermer son esprit à tout ceux grâce à qui, en quelque sorte, elle était née longtemps auparavant. Elle avait chaud, trop chaud et se rendait compte qu'elle avait réellement inquiété Albert. Elle le voyait et l'avait entendu dans sa voix, cette voix qui l'avait fait revenir dans le monde réel alors que d'elle-même elle n'y arrivait guère. Des larmes perlèrent à ses yeux, de douleur mais également de tristesse. Elle s'en voulait pour une raison qu'elle ignorait. Sa main bougea a une vitesse tellement lente que cela l'exaspéra pourtant elle fini par atteindre celle de son cousin. Sa paume se referma avec une telle fragilité que l'on pouvait se rendre compte, en plus du reste bien entendu, que la demoiselle était au plus mal. Si seulement elle pouvait lui parler de tout ça, mais jamais elle n'oserait tout ce passé, tout ces morts, tout ces cris et ses regards qui la transperçaient. Certains savaient qu'elle n'était pas Humaine déjà à cette période, il l'avait deviné au fait qu'elle ne grandissait pas comme les autres enfants, mais les autres ne se doutaient de rien, pensaient simplement qu'elle était petite de nature. Alors pourquoi l'avait-on autant transpercé par le regard a cette époque alors qu'elle n'était pour rien dans les incendies et la tuerie qui avait eu lieu. Elle qui avait perdu son coeur pendant une longue période après faisant à peine confiance aux autres...

- Al...

Tout ce qui sortait semblait tellement différent de d'habitude. Elle voulait lui parler, lui dire que ce n'était rien, que ce rêve était habituel et qu'il passerait comme à chaque fois. Rien, rien d'autres que des larmes ne purent apparaître.

- Al...

Tel était la petite voix qu'Elizabeth eut. Elle prononçait cette syllabe, cette syllabe qui était également un surnom pour Albert. Le cousin la serra contre lui, voyant qu'elle était sortie de son mauvais rêve. Elle l'était.

- Tout va bien maintenant. Ne pleures plus.

Il lui frottait la tête doucement, tendrement pour l'apaiser. Son cauchemard était loin à présent. Le monde réel s'était ouvert à la Gourmandise, le monde du passé ne s'éveillait que lors des temps de sommeil. Son cousin avait peur. Il avait peur qu'elle soit ré-attrapée par cette brûme noire qui représentait le mauvais rêve.

Il n'hésitait pas a lui donner une petite claque sur le front, signe de taquinement. Avait-elle retrouver ses esprits ? Avait-elle récupéré malgré ses souvenirs ?

Surprise, elle l'était et plus encore quand son cousin la serra contre lui. Il était là, avec elle. Elle ne savait pas ce qu'elle avait pu dire ou autre chose mais ce simple contact lui faisait encore du bien. Cela l'apaisait bien qu'elle le taisait. Ses larmes avaient du mal à se tarir, son coeur lui faisait encore mal tout comme le reste et pourtant...

- Al... J'ai... Peur...

Ces mots signifiaient simplement ce qu'elle ressentait chaque fois qu'elle dormait, qu'elle souffrait des manques des êtres qui ne pouvaient s'empêcher de boire. Elle avait peur, peur malgré tout ce qu'elle avait déjà vécu, peur de reperdre encore une fois ce qu'elle avait pu retrouver. Une vie. Son cousin lui frottait la tête, il voulait l'apaiser faire en sorte qu'elle ne retombe plus dans cet abime, pas maintenant en tout cas. Lorsqu'une petite tape atterrit sur son front, un petit rire quitta Elizabeth.

- Merci...

Que pouvait-elle dire d'autre ? Elle avait du lui faire si peur pour qu'il soit ainsi. Sur le moment la demoiselle ne pensait plus à rien mis à part au fait que la chaleur de son cousin et ses taquineries la réchauffait de l'intérieur.

- Je suis... Désolée...

Elle l'était sincèrement, son mal pour parler perdurant toujours mais il passerait comme le reste. Ces yeux brillèrent encore d'une légère douleur et ses mains restèrent agrippée aux vêtements d'Albert. Elle n'aimait pas être ainsi, pas du tout et surtout pas devant lui...

Albert se faisait remercier. Il n'avait pas réellement un sentiment de joie, et n'aimait pas réellement être remercier. De toute manière, il avait bien prévu de la taquiner maintenant qu'elle était moyennement sur pied. Une claque sur le front. Puis deux, et il lui fit un sourire mesquin.

- Maintenant que tu vas mieux, je peux recommencer à t'embêter. N'est-ce pas génial ?

Il se sentait mieux. Oh oui, beaucoup mieux avec sa personnalité qu'avec son air d'homme affectueux et soigneux. Ornant toujours son sourire au visage, il lança quelques phrases ironiques, avant d'enchaîner sur des petites taquineries et quelques blagounettes innoffensives. Demain, lorsqu'elle sera en meilleure forme, il pourra passer à l'attaque !

Il recommençait à la taquiner, ses petites frappes sur le front lui firent faire la moue pourtant il semblait heureux sur le coup. Comme avant, à croire qu'elle était un moyen pour lui de taquineries faciles. Bon ce n'était pas totalement faux non plus.

- Abruti... Mais... Dans le fond...

Elle préféra se taire, non mais elle tenait à la vie quand même et si elle lui disait ça cela risquait d'être mille fois pire. Son lot quotidien lui était déjà suffisant. Et puis tout ça, ces habitudes lui faisant tellement de bien que malgré ça un autre remerciement afflua.

- Merci encore Al'...

Il risquait de se demander pourquoi le pauvre. Mais elle s'en fichait, un doux sourire se dessina sur le visage de la jeune femme malgré qu'elle n'était pas encore totalement en forme et elle lui lança un coussin. Besoin de ne plus se rendormir, de ne pas retourner là-bas dans ce lointain douloureux. Une envie de l'embêter grandit un peu en elle, elle se demandait comment il réagirait si elle disait "ça" surtout sans le penser bien que pour ce dernier point il ne pouvait pas le savoir.

- Tu dirais quoi... si je... te disais... je t'aime...

Elle voulait juste voir sa réaction, pas plus. De toute manière elle avait mit l'amour de côté depuis un bon moment et avait envie de se changer les idées.

Des remerciements, toujours des remerciements. Albert soupirait en entendant ses derniers, avant de se manger le coussin en plein dans la tête. Le coussin a un mauvais goût, et le receveur n'hésita pas à le renvoyer.

Les taquineries quotidiennes, ça se faisait même quand l'un des deux était malade. Ca, c'en était sûr. Pourtant, la demoiselle lui posait "cette" question.

- Tu dirais quoi... si je... te disais... je t'aime...

Albert restait perplexe, et prit une mine réfléchie. L'amour, il s'en fichait. Réellement. Ce n'était pas dans ses ambitions, encore moins de se marier et de fonder une famille.

- Ce que je ferais ? Selon mon humeur je pourrais t'envoyer dans la profondeur des ténèbres en utilisant cette déclaration comme moyen d'enquiquinement, voir diffuser ça à travers Krimscare entier; mais aussi faire semblant que cela soit réciproque et enfoncer le couteau. Cependant il y a également une troisième option qui consiste à être affectueux et aimant envers la personne - beurk - ... Vraiment je ne sais pas, l'amour je m'en fiche. Quant à toi, si je te déclarai ma flamme qu'est-ce qui se passerait ?

Question intéréssante renvoyée à son envoyeur. Il attendait à présent sa réponse.

La réponse de son cousin arriva à ses oreilles bourdonnantes pour le moment, un long soupir quitta la demoiselle à la fin de cette « déclaration » et lorsque la question lui fut renvoyée à la figure Elizabeth devint aussi rouge qu’une écrevisse. Sur le moment la jeune femme espéra qu’Albert penserait que c’était seulement du à la fièvre sinon… Sinon elle était mal.

- Je… Je te dirai que tu es fou…

C’était sortit tout seul comme porté par les mots et les souvenirs du passé. Pourtant elle se rattrapa rapidement.

- Et puis tu n’es pas mon genre… Prononça-t-elle joyeusement bien que cela ne venait pas du cœur. Sincèrement je t’enverrai sûrement bouler, voir ailleurs. De toute manière j’ai beau avoir déjà aimé, et je te l’apprends peut-être mon cher cousin tout le monde n’est pas si affectueux ou aimant avec l’être aimé, j’ai également assez souffert comme ça…

Ses rêves lui revinrent brièvement en mémoire, ses yeux redevinrent brumeux à ses pensées et elle secoua la tête tout simplement.

- L’amour n’est pas un sentiment que l’on décide d’avoir ou non… Elle sourit brièvement. Ah et saches que si tu oserais faire la première de tes solutions que tu es mort carbonisé ! Non mais oh déballez les sentiments des gens ça ne se fait pas !

Elle retrouvait des forces, des couleurs mais se sentait toujours mal. Elle sautilla un peu, tenta de montrer au garçon qu’elle allait bien même si c’était faux. Elle ne voulait pas que quelqu’un s’inquiète pour elle, ne désire plus qu’on tente de la protéger. Non, elle voudrait être libre, libre de penser ce qu’elle veut, de ne plus cacher tout ce qu’elle ressent et, elle s’en doutait, le pire n’était pas passé. Un nouveau sourire apparu sur son doux visage, sa voix féminine restant ne laissant pas la place au côté masculin de la demoiselle.

- Je n’ose même pas imaginé quand tu étais invité quelque part… Tu sais ça te joueras des tours un jour… Elle secoua une nouvelle fois la tête. Mon petit cousin que j’adore.

Elle avait décidé de le surprendre, principalement pour se changer les idées certes,
mais pour faire en sorte qu’il lui fiche la paix également sur le fait qu’elle devrait être plus féminine. Après tout il l’avait cherché sur ce point. Une nouvelle vague de douleur l’assaillit, elle ne le montra pas se concentrant plutôt sur les réactions que son enquiquineur préféré pourraient avoir. Malheureusement le rouge qu'elle avait aux joues ne voulant pas disparaître...

[HS : Oui je poste vite fait et ai corriger le bug que j'ai eu ^^"]

Albert souriait, après avoir entendu la réponse de sa cousine. Fou, pensait-elle si jamais le noble lui dévoilait qu'il l'aimait. Elle avait raison sur ce point-ci, l'Avarice serait fou s'il tombait amoureux ! Mais soit, ce n'était pas près d'arriver. Il continua à sourire avant de frotter affectueusement la tête de cette dernière.

- Comment ça, je ne suis pas ton genre ? dit-il sur un ton agaçant et taquin, pourquoi rougis-tu dans ce cas ?

Perpicace, il l'était. D'ailleurs il n'hésitait pas à tirer un peu les joues de sa cousine pour l'embêter un peu. Les douces joues féminines de sa cousine lui faisait plaisir: au moins elle pouvait montrer ses sentiments, bien qu'il espérait ne pas recevoir un poing dans la face.

- Il me semble que tu es bien plus en forme qu'avant. Je peux partir, je te laisse dormir ou tu viens avec moi comme une gentille mignonne petite fille de sept ans attachée à son père ?

C'était une gentille petite phrase pour se moquer d'Elizabeth, mais en même temps pour essayer de la faire rire. Mignonne, oui elle l'était, cependant une petite fille de sept ans, c'était à voir.

(H.S : Remercie la grève générale des trains xD)

La jeune femme devint encore plus rouge quand Albert le lui fit remarquer et le ton taquin qu'il avait n'aidait absolument pas la demoiselle. Elle voulu détourner la tête mais son cousin venait de commencer à lui tirer les joues, après les frottements sur le haut de la tête c'était ça... Franchement, il était irrécupérable.

- Je ne rougis pas, j'ai juste chaud...

Excuse bidon mais excuse tout de même, elle préférait ne pas donner de réponses à cela pour la simple et bonne raison que l'Avarice pourrait en profiter. Elle le laissa faire, pas assez en forme pour lui en coller une de toute manière et ne pu résister à la tentation de le regarder droit dans les yeux. Vieille habitude surtout lorsqu'il lui sortit le "mignonne petite fille de sept ans attachée à son papa"

- On a le même âge officiellement je te rappelle, je n'y peux rien si physiquement je parais plus jeune... Elle soupira. Dormir ?

Le verbe la laissa sans voix. Dormir était pour elle un véritable parcours du combattant et sur le moment, elle doutait d'y arriver...

- Je... Je vais rester avec toi... Je... N'ai pas le courage de me rendormir...

Du courage il lui en fallait chaque nuit, la peur au ventre de retrouver ses sombres moments du passé.